Le Covid-19 ne quittera pas notre société de sitôt, car même s’il semble cantonné dans un pays, il reviendra simplement par l’intermédiaire de voyageurs en provenance d’autres pays. Il n’est donc pas exclu et même probable que de nouvelles mesures soient mises en place. Toutefois : même après cette crise, la vie reprendra dans l’horeca. Bien que tout sera sans doute différent. En attendant, il n’est pas superflu de réfléchir dès à présent à la manière dont vous allez gérer ce retour à la vie dans votre établissement horeca.
L’exemple chinois
En Chine, à Taiwan, en Corée du Sud et à Singapore, le pire semble être passé et la vie normale reprend peu à peu ses droits, bien que l’on y observe une nouvelle ‘contamination à l’importation’. Il peut être utile de jeter un coup d’œil à ce qui s’y passe pour voir la manière dont la reprise est gérée. C’est ainsi que les établissements horeca rouvrent progressivement leur porte, mais dans des conditions très strictes imposées par le gouvernement. La ‘distance sociale’ par exemple, la fameuse distance d’un mètre et demi entre deux personnes, doit également être appliquée dans le secteur de l’horeca. Vérifiez dès maintenant si votre établissement, tel qu’il est aménagé actuellement, peut répondre à ces exigences. Il serait peut-être judicieux de restructurer l’une ou l’autre chose ? En tout état de cause, le retour à la normale ne se fera pas par une simple pression sur un bouton. Les clients internationaux en particulier sont partis et les voir revenir pourrait prendre un certain temps. Les hôtels devront élaborer un plan d’action en collaboration avec les services touristiques de la région, de la province ou de la commune afin de faire revenir les clients étrangers dans nos hôtels et notre gastronomie.
Les finances
La première étape consiste à avoir une image correcte de votre situation financière. Une perte de 15 à 20 % du chiffre d’affaires en 2020, ce qui est une estimation raisonnable, signifie que de nombreux hôtels, par exemple, seront dans le rouge, ce qui peut entraîner des problèmes de liquidités. Les banques peuvent alors être réticentes à accorder des prêts.
Assurez-vous de vérifier quelles mesures le gouvernement a prises en matière de report des remboursements, de dispenses de cotisations et d’impôts, et faites les demandes nécessaires. N’oubliez pas, cependant, qu’il ne s’agit que de ‘reports’, un jour ou l’autre vous allez devoir payer. Certes, les factures de gaz, d’électricité, d’eau, d’assurance… devront être réglées à temps.
Afin de ne pas vous exposer à des problèmes, il est donc préférable d’avoir une politique de dépenses stricte au départ. Il est peu sensé d’endurer une crise pour ne pas avoir les moyens de prendre part à la relance par la suite. Reportez pour le moment les investissements, les réparations ou les rénovations non urgentes. Essayez de garder, autant que possible, vos liquidités disponibles pour le redémarrage. Mais assurez-vous que vos fournisseurs sont payés, sinon vous risquez de devoir tout régler au comptant à la livraison au moment du redémarrage.
On aurait tort de penser que dès que le gouvernement donnera le feu vert à l’horeca, les choses reprendront soudainement leur cours normal.
Votre capital humain
On aurait tort de penser que dès que le gouvernement donnera le feu vert à l’horeca, les choses reprendront soudainement leur cours normal. Le redémarrage sera progressif et par étapes, et le secteur de l’horeca figurera en fin de liste. Préparez un bon planning, commencez prudemment, voyez quels employés vous allez rappeler immédiatement, et lesquels seront rappelés plus tard, au fur et à mesure que les clients reviennent.
L’un des plus grands défis sera probablement la préservation du capital humain dans l’horeca. Beaucoup de collaborateurs au statut précaire, comme le travail occasionnel ou le flexijob, se seront retrouvés avec des revenus ne permettant pas de vivre décemment. Ils auront constaté que l’horeca est un secteur vulnérable, et ils se mettront peut-être à la recherche d’un emploi dans d’autres secteurs qui offrent plus de sécurité. A vous, en tant qu’entrepreneur d’avoir l’œil et d’anticiper.
Le marketing
Dès que les hôtels et les restaurants seront autorisés à recevoir à nouveau des clients, veillez à le communiquer également à vos clients. Conseil : restez en contact pendant la fermeture, envoyez un courriel de temps en temps et dites-leur comment vous allez et comme vous vous réjouissez de pouvoir à nouveau choyer vos clients après la réouverture. Veillez à maintenir un lien avec vos clients, même pendant la fermeture. Informez vos clients et vos fournisseurs de ce que vous allez faire dès que l’établissement sera autorisé à rouvrir. N’oubliez pas qu’il est beaucoup plus facile de conserver les bons clients que d’en créer de nouveaux. Utilisez au maximum les médias sociaux et tenez votre site web à jour !
Pour les établissements qui accueillent une clientèle internationale, et ici nous pensons avant tout aux établissements horeca situés dans les grandes villes, la reprise risque de prendre plus de temps, car la question se pose de savoir comment les compagnies aériennes sortiront de cette crise. Les hôtels ont tout intérêt à viser le tourisme intérieur pendant un certain temps et à concentrer leurs efforts de marketing sur les clients proches.
Dès que les nuages se seront quelque peu dissipés, les facteurs qui ont contribué à cette crise sans précédent seront probablement, et ce pendant un bon moment, le thème de nombreuses discussions. Elles aborderont la mondialisation, la société, la solidarité, la responsabilité, la famille, les produits locaux. L’horeca devra également se concentrer sur ces thèmes, mais aussi communiquer à leur sujet. Offrez avant tout des certitudes à vos clients et sécurisez-les, c’est réellement ce qu’ils veulent entendre.
Politique de prix
Nous n’avons plus aucun revenu depuis quelques mois. La tentation pourrait être grande de rattraper le retard dès que possible en augmentant les prix. Cependant, la plupart de vos clients ont également subi des pertes de revenus considérables : un million et demi de personnes au chômage technique, des magasins fermés, des prix plus élevés dans les supermarchés… Leur restera-t-il un budget pour les sorties au restaurant durant les premiers mois ?
Ecraser les prix pour revenir sur le marché le plus vite possible n’a pas de sens non plus. Les recherches menées après la crise financière de 2008-2009 ont montré que les entreprises horeca appliquant cette technique ont eu besoin d’au moins 5 ans pour redevenir rentables.
Une lueur d’espoir, pour notre horeca belge, est que pendant un moment encore, peu ou pas de voyages internationaux auront lieu. Vacances à Bali ? Un week-end gastronomique à Barcelone ou à Berlin ? Mieux vaut oublier cela pour l’instant. Et cela peut profiter au secteur de l’horeca de notre pays. Du moins, si celui-ci maintient les prix sous contrôle.
Ecraser les prix pour revenir sur le marché le plus vite possible n’a pas de sens non plus.
Réfléchir à une stratégie
La crise du coronavirus nous a frappés de plein fouet. Ensuite, nous avons assisté aux réactions normales en cas de situation extrême : panique, perte de contrôle, choc…
Pour les bons entrepreneurs, il ne s’agit pas de réduire les coûts ou de rattraper le plus rapidement possible la perte de chiffre d’affaires, mais de mettre en place de nouvelles stratégies, de relever de nouveaux défis, de découvrir de nouveaux créneaux sur le marché et de les développer… Peut-être est-ce le moment de repenser le concept votre entreprise horeca ?
Nous vous souhaitons, en tout cas, une reprise fructueuse !
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