Le 28 mai dernier, 22 producteurs des principales régions viticoles ont été invités par Business France à présenter 160 de leurs vins aux professionnels belges. L’occasion de faire le tour des tendances.
Dire que le monde du vin (français) connait quelques turbulences est un euphémisme. Crise de la consommation, arrachage massif de vignes en France, chute de la cote de Bordeaux, désamour de certaines appellations, pluies torrentielles, gel, grêle et sécheresse… la vie des vignerons n’est pas facile en ce moment. Et pourtant, tous ceux qui étaient présents à cette dégustation étaient enthousiastes de présenter leurs vins.
Un bref moment de dialogue animé par Eric Boschman a en outre permis d’avoir une discussion sur le degré alcoolique du vin, sur les nouveaux cépages ou les anciens que l’on réhabilite (l’orbois ou le romorantin), tous sujets liés au dérèglement climatique qui rend la vie dure aux viticulteurs français.
D’où l’intérêt de cette rencontre Tastin’France mise sur pied chaque année depuis 2015 par Business France, l’agence de soutien au développement international de l’économie française. “Notre but, explique Nathalie Lacroix, chargée de Développement Export, pour la structure (et Belge elle-même), est de pouvoir faire ‘matcher’ le marché belge et les aspirants exportateurs français. Même si aujourd’hui, on se rend compte qu’il y a une ‘sur-sollicitation’ des acheteurs, à quelque niveau que ce soit, petits cavistes ou gros importeurs, ou grande distribution, le marché est saturé. Il faut vraiment pouvoir se démarquer, et, comme partout, il faut vraiment chercher la perle rare. Quand on demande à un importateur ce qu’il recherche, en fait, il ne cherche rien, mais il se laisse surprendre…”
Découvertes
Parmi les producteurs présents, épinglons-en sept. Comme, par exemple, Claude Vialade dans les Corbières qui a développé un Jardin des Vignes rares dans son Château Ciceron et une large gamme de vins biologiques. Ses préoccupations ? Economiser l’eau, assurer le parfait couplage sol/climat/cépage, garantir une démarche écologique complète. Parmi les vins qu’elle a présentés, le Sauvignon Solévi, un vin désalcoolisé à moins de 0,5% d’une rare qualité. Un exemple, même.
Plusieurs domaines, ensuite, de la vallée de la Loire où le bio fait une belle percée : le Domaine Mandard à Mareuil-sur-Cher qui propose un étonnant vin d’Orbois (cousin du Chenin), un vin blanc très agréable, bien charpenté, avec une pointe d’amertume qui équilibre le tout.
Non loin de là, à 2 km de Chenonceaux, le Château des Couldraies a été racheté en 2023 par un couple de médecins belges de Courtrai. Eduard d’Hondt s’est formé à la viticulture à Syntra, et son épouse Caroline à la cuisine à Spermalie. Un beau projet d’œnotourisme, autre secteur en plein boom.
A Cheverny, le Domaine des Brissettes a présenté ses deux premières cuvées, un blanc et un rouge qu’il a baptisées ‘Le Berceau’, des vins frais et aromatiques. Un très bon début.
Plus au sud, Grégoire Saint Olive a fait déguster les vins du chai urbain éponyme, premier du genre à Lyon, qui ne vinifie que les raisins provenant de domaines situés à moins de 80 km. Des quatre vins dégustés, le Gamay bio 2021 ‘Quand on arrive en ville’ est éclatant de fruit et de fraîcheur. Avis aux importateurs.
Un autre vigneron, Quentin Meisonnier, devrait lui aussi facilement trouver acquéreur. Son Domaine Saint-Roch est situé à Beaumes-de-Venise, une région très appréciée des Belges. Des vins du Ventoux et du Rhône (Vacqueyras) marqués par le fruit, la légereté et la fraicheur. Une étape sur la route de vos vacances ?
Enfin, également installé à Beaumes-de-Venise, Xavier Vignon est spécialiste des assemblages d’origines, de parcelles, de sols, de cépages, de millésimes… Ses vins sont déjà connus chez nous grâce à Cora qui en importe certains depuis plusieurs années. Mais l’homme en a bien plus à découvrir, car il élabore plus de 50 cuvées, comme ce Châteauneuf-du-pape blanc 2022, (roussane, clairette et grenache blanc) qui épate par sa douceur, sa rondeur et son caractère soyeux. A découvrir absolument.
(Marc Vanel)