La crise COVID a obligé tous les acteurs du secteur Horeca à se rendre à l’évidence : la ventilation et la purification de l’air sont d’une extrême importance et le seront également à l’avenir. Horeca Magazine a réuni autour de la table quelques experts et spécialistes expérimentés dans le domaine.
Durant la crise COVID, les restaurants et cafés dans notre pays ont dû fermer leur porte pendant environ un an. La raison étant que les clients attablés qui mangent et boivent seraient responsables d’une propagation supplémentaire du virus. Bien que la crise sanitaire actuelle, avec le variant omicron, semble s’essouffler, il n’est absolument pas exclu que de nouveaux variants apparaissent (à l’automne prochain) et causent à nouveau des problèmes.
Si l’Horeca veut éviter de nouvelles fermetures et restrictions, il est important de se pencher dès à présent sur la purification de l’air et la ventilation. Le législateur n’aura ainsi plus d’arguments l’amenant à prendre de nouvelles mesures drastiques.
L’Arrêté Royal du 27 janvier 2022 stipule que l’utilisation d’un appareil permettant de mesurer la qualité de l’air est obligatoire dans les espaces intérieurs accessibles au public des restaurants et cafés du secteur Horeca. En matière de qualité de l’air intérieur, la norme cible est un débit d’au moins 40m³ par heure par personne de ventilation et/ou de purification ou au maximum une concentration en CO2 de 900 ppm.
La valeur limite pour la qualité de l’air intérieur est un débit de 25 m³ par heure par personne de ventilation et/ou de purification de l’air, ou une concentration de CO2 de 1200 ppm.
Il est recommandé à l’exploitant de prévoir un système agréé pour la purification de l’air pour le cas où la valeur limite est dépassée.
Agoria
Dans quelle mesure tout cela est-il réaliste et réalisable ? L’Horeca est une maison aux multiples pièces : du café populaire au lounge, du petit restaurant au restaurant étoilé. Les possibilités d’investissement diffèrent énormément.
Nous avons écouté Guy Gommeren (Senior Business Group Leader Manufacturing) et Geert De Prez (Senior Expert Wellbeing & Prevention) d’Agoria. L’organisation sectorielle Agoria réunit près de 2.000 entreprises technologiques de l’industrie manufacturière, du secteur numérique et du secteur des télécommunications.
« Le groupe sectoriel des systèmes HVAC (Heating, Ventilation, Airconditioning, Cooling) nous a également rejoints. Dès le début de la crise sanitaire, nous avons dû répondre à beaucoup de questions venant de la part des entreprises et du gouvernement à propos de la ventilation et l’air pur. Notre organisation dispose d’une grande expertise et tente d’informer tout le monde de manière correcte et objective », déclare Guy Gommeren.
« Le secteur de l’Horeca n’en a pas toujours conscience, mais à partir du moment où un établissement emploie fut-ce une seule personne, elle est également soumise au Codex concernant la qualité de l’air sur le lieu de travail. Celui-ci stipule que l’employeur doit prendre les mesures techniques et/ou organisationnelles nécessaires pour que la concentration de CO2 sur le lieu de travail soit inférieure à 900 ppm ou qu’un débit de ventilation minimal de 40 m3/h par personne présente soit respecté. Les employés qui sont exposés à des niveaux excessifs de CO2 pendant de longues périodes peuvent souffrir de maux de tête, de fatigue ou de somnolence », explique Geert De Prez.
Mesurer de façon minutieuse
Quel est le meilleur moyen pour un établissement Horeca d’obtenir un air pur et à faible teneur en CO2 ? « D’abord une règle générale : il est toujours bon de faire entrer autant d’air frais que possible dans un bâtiment. L’air frais réduit considérablement les risques de contamination (corona). Ouvrir les portes et les fenêtres (par exemple une heure avant et après les heures d’ouverture de l’établissement) peut déjà aider, mais il s’agit bien sûr d’une solution non contrôlée dont l’effet est temporaire », explique Guy Gommeren.
« Avant de penser à investir dans un équipement, il est important de procéder ou de faire procéder à une mesure minutieuse, afin de savoir ce qui convient le mieux pour l’établissement. Une telle mesure n’est pas aussi évidente ou simple qu’il y paraît parfois. Vous devez savoir où placer les compteurs et à quel moment mesurer. Les entreprises qui vendent des compteurs de qualité ont l’expertise nécessaire pour le faire », ajoute Geert De Prez.
Un système de ventilation fait également office de clim.
« Les systèmes de ventilation existent en plusieurs dimensions, adaptées à chaque situation », explique Guy. « Il peut être intéressant de les faire installer à l’occasion de travaux de rénovation ou de réaménagement. Ou lorsque l’on effectue des travaux d’isolation. Faire le tout au même moment est plus rentable, et de cette manière, vous limitez également les périodes de nuisance ou de fermeture éventuelles. L’important est qu’avec un système de ventilation, vous contrôlez la situation et êtes ainsi assuré de la stabilité de votre climat intérieur, ce qui se traduit par un environnement confortable et productif. Vous accueillez ainsi vos clients dans une température agréable, même en été. Sans oublier qu’un bon système de ventilation augmente également la valeur de votre établissement ».
Outre les systèmes de ventilation, il existe également des appareils de purification de l’air. Quelle est la différence ? « Les appareils de purification de l’air se concentrent davantage sur l’élimination dans l’air des aérosols et des particules polluées provenant des meubles, des revêtements de sols et de murs etc., et en moindre mesure, sur le CO2. Un système de ventilation, quant à lui, se concentre davantage sur la dilution des aérosols et des particules polluées en faisant entrer de l’air frais afin que leur nombre soit dilué à un point tel qu’ils ne constituent plus un danger. On peut dire que les purificateurs d’air peuvent être un complément utile aux systèmes de ventilation, ils sont complémentaires. Bref, tout ce qui peut contribuer à un air pur, propre et sain est accueilli favorablement », déclare Guy Gommeren.
Djingel Djangel
Passons à présent à la pratique. En septembre 2021, Peter Verbauwen ouvrait les portes de Djingel Djangel, un magasin de disques combiné à un café musical, lui-même combiné à un espace événementiel, dans un bâtiment de l’Eilandje à Anvers.
Le bâtiment a été entièrement vidé et réaménagé. « Ces rénovations ont débuté en mai 2020, lorsque le secteur Horeca fermait ses portes en raison de la pandémie. Les déclarations des virologues et des politiciens m’ont alors amené à la conclusion que des normes de qualité de l’air ne tarderaient pas à être imposées à l’Horeca. Ne voulant pas être mis devant le fait accompli, j’ai donc décidé d’installer dans la foulée un système de ventilation et de climatisation performant. C’était le moment idéal pour le faire, car nous n’avions pas encore ouvert et étions encore en pleine rénovation. Dans une établissement existant, c’est bien sûr moins évident.
Il s’agit d’un système à débit contrôlé qui surveille également le CO2. Lorsque les fenêtres ou les portes sont ouvertes, le système passe automatiquement à un régime inférieur afin de ne pas consommer d’énergie inutilement.
Cela a demandé un certain investissement, mais nous sommes heureux de l’avoir fait. Nous pouvons accueillir nos clients dans un air frais et sain et à une température agréable, et nous constatons que c’est fortement apprécié. Et nous en profitons également.
Les appareils de purification de l’air
Comme dit précédemment, outre les systèmes de ventilation, il existe aussi des appareils permettant de purifier l’air. Guillaume Ooms est managing director de la société Genano, active depuis plus de 20 ans dans le secteur de la purification de l’air. Genano revendique une efficacité de 99,999 % pour l’élimination des aérosols dans l’air.
« Actuellement, il n’y a que peu d’établissements Horeca qui ventilent et/ou purifient l’air de manière professionnelle. Dans les très grands établissements, certaines chaînes et les restaurants étoilés au Michelin, c’est plus fréquent. Nos appareils de purification de l’air ont été développés à partir d’une spin-off de l’Université d’Helsinki et de l’Université de technologie de Delft. La recherche et le développement étaient initialement axés sur les environnements médicaux tels que les cleanrooms et les hôpitaux.
Le purificateur d’air désinfecte l’air ambiant, en quelque sorte. Les bactéries, les spores de moisissures, les microbes et les virus sont éliminés. Les appareils sont ‘plug-and-play’. Dans un premier temps, nous mesurons la qualité de l’air afin de savoir combien d’appareils seront nécessaires et où il convient de les installer pour un résultat optimal. L’exploitant n’a plus qu’à les brancher. Ils sont silencieux, demandent très peu d’entretien et consomment peu d’électricité (20 watt). Nous offrons également un joli display sur lequel le client peut observer la qualité de l’air en temps réel. Cela crée un climat de confiance dans l’établissement », explique Guillaume Ooms.
La question clé : quel est le prix de ces appareils ? « Nous proposons des formules leasing à partir de 4 € par jour, tout compris. Nous parlons ici d’un seul appareil. Un appareil est efficace pour 15 à 20 personnes. Cette formule est donc particulièrement adaptée pour les petits cafés ou restaurants, les grands établissements ont tout intérêt à installer plusieurs appareils. »
Texte : RDV