Considérée comme l’une des entreprises viticoles les plus réputées du Luxembourg, Bernard-Massard fête ses cent ans ! Grâce à son ancrage familial, la maison a toujours su résister aux crises et se réinventer.

Après la dissolution du Zollverein en 1919, Jean Bernard quitte la Champagne où il était chef de cave et rentre dans son Grand-Duché natal. Le 1er juin 1921, il fonde la maison Bernard-Massard à Grevenmacher (Anne Massard est son épouse) et va populariser la méthode dite champenoise que peu utilisaient.  

Parmi les premiers actionnaires figure le Dr Frédéric Clasen qui possédait déjà quelques vignes, notamment le Clos des Rochers. Ses deux fils, Bernard et Joseph Clasen, s’associent à Jean Bernard qui décède en 1923, ce sont eux qui vont reprendre l’entreprise actuellement dirigée par l’arrière-arrière-petit-fils du fondateur, Antoine Clasen. Grâce à la création la même année de l’Union belgo-luxembourgeoise, la maison conquiert de beaux marchés en Belgique.

Jus de raisins

“Notre histoire,  explique Antoine Clasen, a été rythmée par les diverses crises du siècle, mais Bernard-Massard a toujours rebondi. Après la crise de 1929 par exemple, l’entreprise se diversifia dans le jus de raisins, avec la marque Raisinor. Après la Seconde Guerre, il fallait reconstruire, tout le monde voulait faire la fête, de gros investissements ont été entrepris dès 1960. En 1971, la cuvée de l’Ecusson est lancée, c’est toujours le porte-drapeau de l’entreprise.”

Vient ensuite la grande dépression pétrolière et sidérurgique, Hubert Clasen, père d’Antoine, rejoint les caves. Il crée une nouvelle activité de négoce, débute l’importation de domaines étrangers prestigieux et relance les vignobles familiaux du Château de Schengen et du Clos des Rochers.

Aujourd’hui, Bernard-Massard produit trois millions de bouteilles, dont deux sont exportés, avec un chiffre d’affaires de vingt millions. “Le Luxembourg croît énormément, poursuit Antoine, mon premier challenge est de faire savoir aux expatriés qui arrivent, que le vin luxembourgeois existe. La Moselle n’est pas loin de Luxembourg, mais certains ne savent pas qu’ils sont dans un pays producteur. Nous devons les faire venir jusqu’ici et, de manière plus générale, œuvrer pour mettre les vins luxembourgeois à la carte des restaurants, promouvoir les vins du pays dans notre pays.”

10 ans d’Antoine Clasen

Après la crise bancaire de 2008 et de nouvelles difficultés, Bernard-Massard s’apprêtait à fêter dignement son centenaire mais la crise du Covid-19 déboula, remettant les festivités en question. “Nous avons connu durant la dernière décennie beaucoup de changements, commente Antoine qui dirige l’entreprise depuis 2011. Quatre personnes-clés sont parties à la retraite: mon père, le chef de cultures, le chef de production, le directeur administratif, c’est quand même un énorme défi et je crois que nous l’avons réussi.

Antoine Clasen a bien évidemment quelques projets. La création d’un pinot noir parcellaire de qualité, mais aussi continuer à aller progressivement vers le bio, même si actuellement, seuls 5ha sur 15 du Clos des Rochers le sont. Pour célébrer le centenaire, Bernard-Massard propose la ‘Cuvée 1921’, un Crémant de Luxembourg, assemblé à partir des meilleures parcelles de chardonnay, pinot noir, riesling, pinot blanc avec un soupçon de pinot gris.

La bouteille est présentée dans un étui, noir et or, élégant. L’étiquette reprend un dessin présent sur le papier à lettres des années 1920, modernisé par une artiste luxembourgeoise.

Dosé à 8 gr de sucre résiduel, ce Brut de très belle tenue offre une robe or pâle brillante, de belles bulles fines et abondantes, et des arômes de fruits blancs (pêche, poire) avec une pointe d’amande et de miel, et surtout un équilibre général réussi. En vente chez Carrefour et Delhaize au prix de €14,49.

Infos : bernard-massard.lu

Texte : MV