Le plus grand marché de Belgique

Originellement tenu sur la Grand Place de Bruxelles, ce marché de gros s’est déplacé depuis 1973 au quai des Usines, le long du canal.

Que ce soit en taille ou en chiffre d’affaires, le Marché Matinal de Bruxelles géré par l’asbl Mabru est de loin le plus gros distributeur de produits frais en Belgique. Certains clients se déplacent de loin, les marchandises sont importées de partout dans le monde : épicerie fine de Rungis, vongole d’Italie, poisson de Hollande, feta de Turquie… Mais l’ambiance de marché est toujours là : on travaille de nuit, tout le monde se connaît et beaucoup d’emplacements sont repris de génération en génération.

L’attrait du Marché Matinal

Selon une enquête, le principal attrait du marché est la fraîcheur de la marchandise (47%) et ensuite la diversité des produits proposés (39 %).

Les exposants sont diversifiés : depuis le petit producteur local (de fleurs, de chicons par exemple) à quelques grands acteurs qui font jusqu’à 30 millions d’euros de chiffre d’affaires par an. C’est pour une part cette diversité qui fait la richesse du marché.

Les visiteurs sont principalement les restaurateurs, chefs et traiteurs (Lionel Rigolet, lui-même administrateur de Mabru, David Martin ou Pierre Marcolini pour ne citer que quelques-uns des habitués, y trouvent leur bonheur) mais également pour une large part les marchés de rue qui représentent des volumes énormes, les épiceries et les magasins de nuit.

Un éternel duel

Les principaux produits offerts sont les produits frais (fruits et légumes, fleurs et plantes ; poissons, viandes, fromages et produits laitiers ; aliments secs et produits méditerranéens).

Laurent Nys : « Le marché matinal est le plus grand acteur belge pour les produits méditerranéens. Pistaches, fruits secs, olives, thé, feta se vendent en quantités. Mabru est la plus grande plateforme logistique de pastèques par exemple. En saison, jusqu’à 60 semi-remorques sont déchargés toutes les semaines sur notre parking. C’est magnifique à voir ! » s’extasie-t-il avec enthousiasme.

Beaucoup de marchandises transitent par camion, quelques-unes par bateau, les fruits et fleurs exotiques arrivent par avion. Pas très écologique mais impossible de faire autrement. C’est une garantie de qualité car les fruits ont mûri sur place au soleil, contrairement à ceux qui ‘mûrissent‘ dans les cales des bateaux. Ce n’est jamais comparable évidemment. L’éternel duel entre qualité et prix ou qualité et écologie … Le consommateur doit savoir ce qu’il veut. »

exposants (producteurs et grossistes)

visiteurs par mois

emplois directs

tonnes de produits transitant par semaine

millions d’euros par an de chiffre d’affaires réalisé par les exposants

panneaux photovoltaïques

tonnes de produits par jour redistribués au CPAS de Bruxelles et à la banque alimentaire

Entrepreneur avec une fibre écolo et sociale

Directeur opérationnel du site depuis 2015, Laurent Nys veille au bon fonctionnement du marché. Modernisation, propreté, sécurité ont été ses premiers objectifs.

C’est lui qui a eu l’idée de contacter Engie pour faire placer sur le toit du marché matinal 26.000 panneaux photovoltaïques, de quoi couvrir 30% de la consommation électrique du marché en plus d’approvisionner 2.500 ménages bruxellois en énergie propre. Le marché matinal possède aussi le premier parking solaire à hauteur de camion de Belgique, des emplacements éclairés permettant de décharger à couvert en temps de pluie.

L’asbl a également mis sur pied un programme pour la Distribution et la Récupération d’Excédents Alimentaires à Mabru (D-R-E-A-M). Depuis 2015, au lieu de finir à la poubelle, plus de 2 tonnes par jour d’invendus sont récupérés par le CPAS de Bruxelles et la banque ­alimentaire.

Une inexorable professionnalisation du secteur

Ouvert sur le monde, Laurent Nys fait partie du comité de direction de l’Union Mondiale des Marchés de Gros (WUWM) dont le président est le directeur du marché de Pékin.

Laurent Nys : « Le monde des affaires et celui de l’HORECA en particulier, se professionnalise. Dans beaucoup d’endroits on reçoit dorénavant un ticket TVA d’office, dans certains restaurants on ne peut plus payer que par carte, le cash n’étant plus accepté. Il ne reste plus beaucoup de place pour les ‘arrangements’ qui faisaient les belles heures du secteur. Aujourd’hui, si le restaurateur doit tout faire dans les règles, il sera obligé de le répercuter sur le prix final. Le consommateur est-il prêt à en payer le prix ?

Les chaînes se multiplient, les gros rachètent les petits, le client doit s’attendre soit à une baisse de qualité, soit à une inflation du prix. Il faut qu’il en soit conscient. On ne peut pas avoir le bon beurre, et l’argent du beurre ».

Laurent Nys quant à lui ne transige pas volontiers sur la qualité. « Quand un plat est qualitatif, même s’il est cher, on n’est pas volé. Quant aux produits de mauvaise qualité, ils sont toujours trop chers ».

Tendances :

Très à l’écoute de son marché, les tendances qu’il observe sont les suivantes : « La progression du prédécoupé, l’intérêt pour le commerce local et le bio, les poissons avec un label. Les clients sont à la fois plus paresseux (ils achètent de plus en plus de ‘tout fait’) mais ils sont aussi de plus en plus demandeurs de la fiche technique des produits. Les consommateurs, enfin ceux qui peuvent se le permettre, sont en recherche de produits d’exception.

Mr Nys vous vous définissez comme ?

« Un passionné, un entrepreneur ouvert à toutes les idées ». Et en effet, à l’écouter, d’aucuns diraient que c’est comme s’il était ‘tombé dedans quand il était petit’ !

Texte : Pascale Van Weert