Nous avions donc rendez-vous à 14 heures avec Olivier Krug, directeur général, représentant la sixième génération de la famille, et Julie Cavil, nouvelle cheffe de cave (depuis le début de cette année). Une dégustation devant un ordinateur, ce n’est pas fréquent… Alors, un peu avant l’heure prévue pour cette rencontre, j’ai débouché la bouteille reçue quelques jours auparavant, pour découvrir, ainsi que quelques confrères belges, cette nouvelle « Grande Cuvée ».Mais on nous avait prévenu par mail : « Krug ne souhaite pas voir servir ses Champagnes dans des flûtes ». On le savait pour avoir fréquenté la Maison à plusieurs reprises notamment à l’époque d’Henri (père d’Olivier) et de Rémi (son oncle). La « Grande Cuvée » ? C’est la signature de ce Champagne qui produit aussi des millésimés et deux cuvées exclusives issues de Clos : le Clos du Mesnil et le Clos d’Ambonnay. Alors, dans un verre de type « flûte » mais ressemblant davantage à un verre « à vin » (ce que préconise la Maison), nous dégustons en écoutant la présentation d’Olivier et Julie. Champagne d’un assemblage très complexe, comme toujours, cette 167
ème édition est structurée sur une base du millésime 2011. Elle est composée de 191 vins différents de 13 années, 1991 étant la plus ancienne. Son assemblage est composé de 47% de pinot noir, 36% de chardonnay et 17% de pinot meunier, de 42% de vins de réserve et elle est restée en cave six ans en attendant son dégorgement et une année supplémentaire avant son actuelle commercialisation. Et comme toujours chez Krug, ce Champagne a passé quatre mois en fûts anciens de 205 litres, un élevage qui va permettre de ralentir son vieillissement.
« Nous n’avons aucun préjugés, que ce soit pour l’origine des raisins ni pour les cépages »
Krug aime répéter que les concepteurs de ses Cuvées n’ont aucun préjugé concernant l’origine des raisins. Ils proviennent de « Grands Crus », de « Premiers Crus » mais aussi du sud de l’appellation, de l’Aube, région tant décriée jadis et qui aujourd’hui semble de plus appréciée par les Maisons de Champagne. Aucun préjugé non plus pour les cépages : chez Krug, on apprécie le fruité du pinot meunier qui rentre donc dans cette Cuvée pour 17%. On retrouve dans cette dernière édition, l’équilibre entre fraîcheur et profondeur (ce n’est pas paradoxal). Un Champagne précis, ciselé, long en bouche, complexe. Un style irrésistible. En début de rencontre, Olivier Krug nous annonce qu’il avait oublié de mettre une bouteille au frais. Et donc, il la dégusta vers 15°, venant de sa cave. A ma question de savoir quelle était, pour lui, la température idéale, il répondit « vers 10-12° ». Comme un grand vin blanc.