Dans les bureaux de Deliveroo aux étangs d’Ixelles, des vélos devant la porte bien sûr, du va-et-vient à la machine à café, dans les couloirs et du monde à tous les étages. Pierre Verdier nous reçoit dans une grande salle de réunion au 4ème sans ascenseur un jour de canicule. Un flip chart rapidement éliminé contient encore les réflexions de la dernière réunion… L’ambiance est plutôt cool mais on sent que ça travaille !

Une start-up technologique

Issu du monde de l’IT, ancien responsable du pôle hôtellerie de ventes-privées.com après avoir été directeur des ventes chez groupon.com à Paris, Pierre Verdier a récemment repris la direction de Deliveroo Belgique. Rien d’étonnant lorsque l’on sait que l’entreprise anglaise, présente en Belgique depuis à peine 4 ans, est avant tout une start-up technologique.

Pierre Verdier : « L’internet a décuplé l’envie de voyager des gens. Du jour au lendemain les clients ont pu découvrir de nouvelles destinations, comparer les offres, mais également comparer les prix. Il s’agissait d’offrir une énorme vitrine promotionnelle pour le secteur du tourisme ».

Et de fait, c’est un peu aussi ce qu’apporte Deliveroo au monde de l’horeca : une sorte de vitrine promotionnelle accompagnée de la vente des billets (sauf qu’ici ce n’est pas le voyageur qui se déplace mais le livreur et que celui-ci ne se déplace pas en avion mais à vélo !)

L’un des principaux acteurs du marché de la livraison de repas à domicile, Deliveroo, ne cesse pourtant de se remettre en question et de revoir les algorithmes permettant de calculer au mieux les trajets des coursiers. Un trajet n’est pas l’autre, le terrain est plus plat ou plus accidenté, les arrêts plus ou moins fréquents. Il s’agit de rentabiliser les déplacements bien évidemment mais aussi d’épargner les coursiers. Les plats à livrer sont différents également : certains comme les frites (Belgique oblige !) doivent se livrer dans le quart d’heure maximum pour rester chaudes. Plus complexe qu’il n’y paraît !

Partenaire des restaurateurs

Au cours de l’entretien, Pierre Verdier nous reprend à plusieurs reprises : Deliveroo ne voit pas les restaurateurs comme des ‘clients‘ mais bien comme des ‘partenaires’. La start-up se présente en effet comme un facilitateur d’affaires, un véritable partenaire du restaurant, l’objectif commun étant de satisfaire le client final, le consommateur.

Deliveroo se place donc au carrefour entre le consommateur, le restaurant et bien entendu les coursiers. Si la société dessert actuellement un peu plus de 2.000 restaurants en Belgique, Deliveroo se démarque aussi par l’emploi d’environ 2500 coursiers et reçoit tous les mois plus de 1000 demandes de personnes qui désirent le devenir !

Conseils en matière de tendances

Grâce à son implantation dans plus de 14 pays (dont bien entendu le Royaume Uni, la France, l’Italie, l’Espagne, les EU, Hong-Kong, Singapour, l’Australie, les Emirats Arabes) et dans plus de 500 villes dans le monde, Deliveroo est naturellement au fait des nouvelles tendances en matière de restauration. Pierre Verdier : « Nous aidons les restaurants à établir le meilleur menu pour l’offre en ligne, les conseillons là où ils en ont besoin, et nous partageons aussi les tendances que nous voyons arriver depuis Paris, Londres ou New York. Le Belge adore les tendances food et on voit que les restaurants qui s’adaptent peuvent en tirer parti ».

restaurants affiliés

coursiers

emplois dans le secteur de la restauration

d’euros estimés de recettes supplémentaires dans le secteur

Terrasse ouverte toute l’année

Pierre Verdier : « Les restaurants qui travaillent avec nous ont parfois vu leur chiffre d’affaires croître de plus de 30%. Certains nous disent que grâce à Deliveroo, c’est comme si leur terrasse d’été était ouverte toute l’année » !

Alors, grâce à cette vitrine internet, les gens mangent-ils plus ? Contrairement aux voyages, non bien sûr. Il est donc clair que le marché des livraisons de repas à domicile grignote celui des magasins, des supermarchés et même de certains restaurants.

Les restaurateurs ont donc tout intérêt à s’adapter ; D’autant que la croissance du marché des livraisons à domicile modifie pour une part la concurrence existante. Cette tendance a fait apparaître récemment une nouvelle forme de restauration, dans laquelle des acteurs propriétaires d’une belle vitrine digitale mais sans véritable restaurant cuisinent des plats uniquement destinés à la livraison.

Amazon

Malgré son développement exponentiel, la start-up anglaise aux grandes oreilles n’est pas encore rentable. Heureusement Amazon vient d’entrer pour 18 % au capital et cet apport financier devrait lui permettre d’élargir encore sa zone d’action. Actuellement seuls les principaux centres urbains sont desservis et il reste à couvrir en Belgique de larges zones géographiques.

Nous tentons de savoir si cette entrée d’Amazon révélerait les prémices de nouveaux corps de métier (livraison de petits colis en même temps que les repas par ex. ?) mais apparemment non, rien de tel n’est prévu. Le core business reste le food. Deliveroo ambitionne principalement de devenir et de rester l’acteur principal et incontournable dans la livraison des repas.

Texte : Pascale Van Weert