En 1728, le Roi Louis XV autorise l’expédition des vins de France en bouteilles. Jusqu’à cette date, il ne pouvait qu’être transporté en tonneau. Le premier septembre 1729, Nicolas Ruinart crée sa Maison de Champagne. Ce sera la première à expédier ce vin mousseux qui était impossible de faire voyager en tonneaux. Depuis, la Maison rémoise, doyenne donc des Maisons de Champagne, a souhaité garder son style fait d’équilibre, de fraîcheur et de rondeur. Et met aussi en évidence, dans ses cuvées, son cépage de cœur : le chardonnay. Comme en témoigne sa cuvée ‘blanc de blancs’ logée dans ce joli flacon galbé devenu l’icône visuelle de la marque. Actuellement, l’assemblage de cette cuvée emblématique est basé sur le millésime 2017 avec 20% de vins de réserve assez jeunes (2016 et 2015) afin de préserver la fraîcheur désirée. Dosé à 7 grammes de sucre/litre, composé principalement de raisins classés en ‘premier cru’, il se présente de plus en plus ‘brut’ : voici à peine dix ans, il était dosé à 10 grammes.
Un millésime charnu et croquant
Mais l’actualité de Ruinart, c’est la sortie imminente de la cuvée Dom Ruinart, millésime 2009. Elle existe depuis 1959 et était déjà constituée exclusivement de chardonnay et fut d’emblée millésimée. Ce nouveau millésime, le 26ème depuis sa création, est – comme toujours – le résultat d’un assemblage de raisins uniquement classés ‘grand cru’. Ils proviennent de la Côte des Blancs pour 82% (Le Mesnil, Avize, Oger, Cramant, Chouilly) et un peu de la Montagne de Reims (18%) avec le grand cru Sillery qui apporte davantage de structure que les grands crus de la Côte des Blancs. L’élevage s’effectue dans les splendides crayères de Ruinart (monument historique classé) durant 8 à10 ans. Ce 2009 a été dégorgé en mars 2018, la volonté pour le début de sa commercialisation, est d’attendre un an après dégorgement. Dosé seulement à 4 grammes, il pourrait revendiquer la mention ‘extra brut’ mais Ruinart ne souhaite pas l’indiquer sur l’étiquette : c’est un choix. 2009 est une année chaude mais non qualifiée pour autant de ‘solaire’ même si le 12 septembre, au début des vendanges, le climat était franchement estival. Nous l’avons dégusté. Avec le vieillissement de près de dix ans, on lui découvre des notes légèrement toastées, grillées. Des évocations de fruits à noyaux, estivaux. Charnu et croquant, il ‘percute le palais’, pour reprendre l’expression de Louise Bryden, adjointe œnologue du chef de cave Frédéric Panaïotis.
Texte : PF