La covid 19 a été un déclencheur pour ce changement d’habitude. Pour des raisons d’hygiène, des restaurants avaient supprimé la traditionnelle carte des vins ‘papier’ pour une autre, digitale, présentée sur tablette où encore via un QR code et le smartphone du client. Aujourd’hui, de plus en plus d’établissements ont opté pour ce type de présentation des vins. Et une startup belge, ‘Winevizer’, a lancé durant le confinement de 2022, un système de carte pratique, ludique et instructive aussi, en utilisant un QR code qui s’applique directement et sans installation, sur le smartphone du client. La jeune société a déjà convaincu de nombreux restaurateurs tant belges que français.

Voici déjà quelques années, des restaurants avaient pris la décision d’opter pour des tablettes remplaçant ainsi la traditionnelle carte des vins ‘papier’. La pandémie voulant éviter le contact manuel avec les cartes, accentua cette démarche tout comme l’utilisation d’un QR code pour consulter les cartes. Dimitri Marit (restaurant Maison Marit à Braine L’Alleud) avait anticipé ce choix. « Cela fait une dizaine d’années que notre carte des vins se présente sur tablette. C’était nouveau et certains clients étaient un peu décontenancés mais en leur expliquant le fonctionnement, finalement assez simple, ils s’habituèrent rapidement. Et si certains collègues restaurateurs ont préféré revenir à la carte ‘papier’, nous continuons à proposer nos 300 références – plus les alcools – sur tablette mais sans application du type accords mets/vins, présentation des producteurs… La carte reste propre sans modifications manuelles pour les millésimes et les prix par exemple. Outre la carte classique qui change peu, on ajoute nos ‘coups de cœur’ du moment. C’est simple et très efficace. Et pour l’entretien, on nettoie la tablette régulièrement ».

Le restaurant bruxellois ‘La Manufacture’ a aussi adopté une carte digitale et ce depuis quinze ans. Une dizaine d’Ipad sont à la disposition des clients. « Au début, il faut reconnaître que c’était compliqué. On n’était pas encore vraiment habitués à cette utilisation. Il y a eu une période de transition qui a duré 3-4 ans avant que cette formule soit mieux acceptée. Maintenant, c’est différent même si cette utilisation peut être toutefois liée à l’âge pour l’accepter ou non », explique le sommelier Bruno Tangre. « Le rôle de notre métier est toujours bien présent. Rien de tel que l’humain pour donner des conseils, mettre les clients en confiance. Mais je dois reconnaître que cette application digitale est très, très pratique ». 

Un plus : les changements tarifaires et de millésimes se modifient aisément

Winevizer a été imaginé par Sébastien Demoustiez et compte aujourd’hui davantage de clients en France qu’en Belgique. Des restaurants mais aussi des bars à vin et peut-être même bientôt également des cavistes. Pour son nouveau restaurant ouvert en février (‘Menssa’) sur le lieu de l’ex-‘BonBon’ et axé autour du vin, Christophe Hardiquest va utiliser les applications de Winevizer. Une carte digitale en format A4 qui regroupera les vins par style. 

Le premier client à avoir été séduit par cette application fut ‘Mon Bar à Tapas’ à Mons. Comment se passe cette expérience et quelles sont les réactions des clients ? « Certains utilisent cette carte digitale via QR Code et d’autres non, ces derniers pour, par exemple, une question de temps préférant être conseillés par le serveur. Bref, la réaction de la clientèle est modérée. Mais comme je ne propose que des vins espagnols, moins connus que les français, elle peut avoir beaucoup plus d’explication que sur une carte ‘papier’ traditionnelle. Je suis très satisfait du système qui permet de modifier aisément les changements tarifaires et de millésimes », nous dit Antony ­Kyriakoudis, chef et patron de ce restaurant.

Comment ça fonctionne ? 

Le restaurant envoie sa liste de vins (en PDF, Excel ou même manuellement). Winevizer se charge alors de la mise en page digitale selon les options choisies par le client qu’il découvrira via un QR code directement avec son smartphone : accords mets et vins, des vins selon ses goûts (en répondant à quelques questions) ou simplement consulter la carte comme on le fait classiquement. Une mise en page pouvant se faire par pays, région, cépages, prix… Et un curseur de prix peut aider le client qui ne souhaite pas dépenser par exemple plus de 40€ par bouteille.

Les avantages ?

Les modifications (comme, par exemple, les changements de millésimes) sont aisées et rapides, en temps réel. Les références qui ne sont plus disponibles (temporairement ou non) peuvent être désactivées : le personnel de salle n’a plus besoin d’en être informé. Celui-ci peut ne plus être formé. Il y a possibilité aussi, dans les applications, d’obtenir des statistiques sur les vins les plus consultés. Plus besoin également de réimprimer la carte. Si le client est rassuré par les conseils, le nombre de bouteilles vendues peut augmenter tout comme le prix moyen s’il est convaincu d’un bon accord mets/vins. La possibilité d’une traduction en plusieurs langues est encore un plus pour la clientèle étrangère. Le constat est parfois aussi que le client peut être réticent à demander l’avis du serveur ou du sommelier car, pour lui, cela peut être un aveu d’ignorance. Enfin, il peut choisir en toute indépendance selon son budget.

Et le rôle du sommelier ?

L’application peut aussi être simplement un complément de ses conseils et permet de ne pas le ‘bloquer’ trop longtemps à une table. Le sommelier conseille, par exemple, 2,3 vins et le client les consulte sur la carte en étant alors renseigné sur leurs prix. 

Cela incite-t-il le client à faire des découvertes ?

Là, rien n’est moins sûr… Rien ne vaut l’avis d’une personne compétente pouvant orienter vers des régions de France moins connues, d’autres pays, de présenter encore ses ‘coups de cœur’ du moment. 

Combien ça coûte ?

On peut opter pour un abonnement mensuel à 25€ hors TVA ou annuel à 250€.

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Les modifications sont aisées et rapides, en temps réel. Les références qui ne sont plus disponibles (temporairement ou non) peuvent être désactivées.

[ Patrick Fiévez ]