A l’occasion de la fête nationale de la République italienne, Horeca Magazine et RadiocomTV se sont associés pour interviewer Monsieur Francesco Genuardi, Ambassadeur d’Italie en Belgique. 

RADIOCOM.TV s’adresse aux Italiens en Belgique et dans le monde et émet depuis le centre Excellis à Bruxelles. Extraits choisis. L’interview est à retrouver dans son intégralité sur le site www.radiocomtv.it

L’interview est menée par Mr Filippo Giuffrida, journaliste et directeur de RADIOCOMTV et par Pascale Van Weert, pour Horeca Magazine.

F. Giuffrida : Belgique-Italie c’est une longue histoire d’amour, malgré quelques moments difficiles. Aujourd’hui, les synergies entre les deux pays, d’un point de vue économique, social et politique, sont très intenses. En témoignent la récente visite royale à Rome, les collaborations de haut niveau ou le simple fait d’être ici aujourd’hui à deux avec ma collègue Pascale Van Weert de Horeca Magazine, qui est la référence du secteur de la restauration et hôtelière au Benelux. Sans vouloir être impertinent, Mr l’Ambassadeur, il n’est pas encore plus difficile d’être l’ambassadeur d’Italie dans une réalité où tout semble si bien se passer ?

F. Genuardi : Et oui, nous sommes dans une période très intense de relations entre l’Italie et la Belgique et cela ne fait qu’accroître le défi de diriger une ambassade comme celle de Belgique. Cela nous pousse à emprunter de plus en plus de nouveaux chemins. Dans le contexte actuel, dans cette redéfinition d’un peu toutes les relations politiques et économiques qui se font actuellement en Europe et pas seulement en Europe (je pense à la situation internationale), je crois qu’il ne faut jamais se contenter de se reposer avec complaisance sur une image statique et calme.

F. Giuffrida : L’avenue Legrand 43, votre résidence, est devenue le point focal de l’activité diplomatique, culturelle, économique, sociale, politique. La résidence a accueilli de nombreux événements importants ces derniers mois. Je pense par exemple au récent rendez-vous avec la mode durable et plus encore. Quelle est l’importance d’un lieu prestigieux comme l’avenue Legrand pour ce métier de diplomatie culturelle ?

F. Genuardi : L’avenue Legrand est un atout extraordinaire que possède l’Italie, c’est une ambassade, une résidence historique que l’Italie possède depuis 1919. L’enjeu est de rendre contemporaine cette résidence qui, à l’époque déjà, était considérée comme un symbole et un signe d’énorme amitié et de collaboration entre l’Italie et la Belgique. Nous traduisons donc en 2022 ce qui a toujours été le but de cette résidence, c’est-à-dire en faire la vitrine du made in Italy contemporain. Il nous revient de mettre en avant le made in Italy de notre époque et d’en faire un point de rencontre pour toutes les forces italiennes en Belgique ainsi que pour tous les Belges qui aiment et s’intéressent à l’Italie. L’avenue Legrand en est un peu le symbole, la vitrine. Elle se veut aussi le symbole de la ­diplomatie italienne en Belgique, une diplomatie italienne résolument engagée dans la promotion du Made in Italy, mais aussi dans la promotion des relations politiques avec la Belgique.

F. Giuffrida : Le réseautage pourrait être la devise de votre mandat, non seulement avec les réalités économiques et sociales, mais aussi avec les autres réalités diplomatiques. De mes longues années à Bruxelles, maintenant plus de 30 ans, je ne me souviens pas d’une collaboration aussi intense avec l’ICE, avec ITA, avec l’Enit, mais aussi avec les représentations auprès de l’Union européenne et de l’OTAN. Quelle est l’importance du réseau pour le travail de l’Italie en Belgique ?

F. Genuardi : Essentiel et absolument crucial à mon avis. Nous ici, à l’ambassade bilatérale, croyons beaucoup à ce travail d’équipe, car nous percevons très clairement, en vivant chaque jour la réalité quotidienne de Bruxelles, combien Bruxelles et la Belgique sont le théâtre d’une très forte compétition mondiale. Soit, nous travaillons tous « dans l’équipe », soit nos concurrents, et ils sont nombreux, pourront bénéficier du fait qu’il y a autant de présentations distinctes. Donc, en ce qui nous concerne, nous sommes absolument déterminés à contribuer au renforcement d’une vision unitaire.

P.V.W : A propos de réseautage, vous avez récemment parrainé le lancement de la plateforme ITFood. De quoi s’agit-il ?

F. Genuardi : ITFood est une nouvelle plateforme qui réunit en digital mais aussi en présentiel, tous les opérateurs italiens du monde du food. C’est une initiative qu’on a parrainée avec beaucoup de conviction, en collaboration avec la représentation permanente italienne auprès de l’Union Européenne, pour faire avancer en Belgique l’amour et la passion pour le food italien mais aussi une sensibilité de ce qu’il y a derrière le food italien. C’est-à-dire tout d’abord l’histoire, le patrimoine de nos régions et nos terroirs, mais aussi beaucoup de technologies, d’innovations, beaucoup de capacité entrepreneuriale, de capacité de faire, de renouveler cette ­incroyable biodiversité qui représente, je dirais, non seulement la cuisine italienne, mais la culture du territoire italien.

P.V.W : Vous ne manquez pas une occasion de souligner l’importance de la protection des produits italiens authentiques :

F. Genuardi : Les produits italiens sont les plus aimés au monde, c’est une certitude. Et de ce fait, ils sont aussi les produits les plus imités au monde, ce qui, d’un côté, peut être flatteur, mais c’est quelque chose qui nous trouble beaucoup et c’est pour ça qu’avec notre ministère des Affaires étrangères, nous avons mis en place ce programme qui s’appelle ‘True italian taste’ pour lutter contre le phénomène et valoriser « les vrais produits italiens ». Ça fait partie d’une grande campagne d’information et de promotion. L’un des points forts de la cuisine italienne à protéger à tout prix est, en fait, sa simplicité, ce qui permet d’exalter la saveur des ingrédients individuels, le régime méditerranéen en tant que mode de vie sain est reconnu depuis 11 ans comme patrimoine immatériel de l’Unesco. 

P.V.W : La gastronomie, un ‘soft power’ pour le rayonnement culturel du pays ?

F. Genuardi : La gastronomie est l’un des instruments du soft power italien ainsi qu’une des priorités de la diplomatie économique (et aussi culturelle), compte tenu de la capacité du secteur agroalimentaire à refléter les territoires, la culture, ­l’innovation technologique et durable. La force de la cuisine italienne réside dans la biodiversité des différentes cultures gastronomiques provenant des différentes régions d’Italie. Grâce à la gastronomie italienne, les pays qui nous accueillent en tant qu’ambassadeurs auront la possibilité de connaître l’histoire, la culture, les traditions et la géographie de l’Italie. Chaque plat est lié à une tradition et à une histoire. La Belgique est l’un des pays qui apprécie le plus la cuisine italienne pour son authenticité, sa variété et sa qualité et cela est attesté par le niveau d’échange bilatéral. Il suffit de penser que les exportations du secteur agroalimentaire dans le monde ont dépassé les 200 milliards d’euros en 2021, et aussi en Belgique celles-ci constituent une part importante en forte croissance. 

P.V.W : Quelle est l’importance de la gastronomie italienne en Belgique ?

F. Genuardi : La communauté italienne est TRÈS importante en Belgique. Il y a 300.000 Italiens inscrits au Consulat, en plus il y a de nombreuses personnes qui ont des origines italiennes. La Belgique est l’un des pays au monde où la tradition culinaire italienne est la plus forte. Pensez juste au fait qu’à Bruxelles il y a plus de 100 restaurants italiens. En Belgique, il existe également une association de cuisiniers italiens liée à la Fédération italienne des cuisiniers, qui a remporté un prix mondial en 2021, tant en nombre d’associés qu’en tant que première association pour le développement d’activités institutionnelles et de formation (NDLR : voir l’article d’Horeca Magazine sur l’Association des Chefs italiens en Belgique)

P.V.W : A propos de gastronomie, avez-vous un plat favori, qui vous rappellerait votre enfance ?

F. Genuardi : C’est difficile à dire, aussi parce que j’ai passé une partie de mon enfance à Bruxelles, alors, de mon enfance j’ai peut-être plus de souvenirs des gaufres que de plats italiens de la Vénétie ! Cela dit, c’est vraiment difficile. C’est peut-être la question la plus difficile que vous puissiez poser, il y en a tellement que ça dépasserait les temps techniques de votre émission ! Et en tous cas, je veux rappeler que la Vénétie est très connue, pas seulement pour les plats, mais aussi pour les apéritifs, les drinks et que le spritz vient du Veneto. Et ça, c’est une belle réussite mondiale parce que ce produit a vraiment dans les dernières années dépassé toutes les catégories, c’est une boisson qui est adorée de tous, et de moi en particulier !

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Belgique-Italie c’est une longue histoire d’amour. Aujourd’hui, les synergies entre les deux pays, d’un point de vue économique, social et politique, sont très intenses.

Pascale Van Weert & Filippo Giuffrida