Créée en 1933 à Pordenone dans le Frioul italien, la coopérative VCR est aujourd’hui leader mondial de la production de plants de vigne : elle commercialise plus de 100 millions de pieds chaque année qu’elle exporte pour moitié dans plus de 30 pays. Visite.
A moins d’une heure de l’aéroport de Trévise au nord de Venise, Pordenone est la ville principale du Frioul occidental. Comme bien des villes provinciales italiennes, elle souffrit des destructions de la Première Guerre mondiale et de la ‘crise de 1929’, entraînant le déclin de la filière cotonnière locale ainsi que l’exode de ses habitants dans d’autres régions ou même en dehors du pays.
Après la crise du phylloxera, cet insecte qui ravagea la majeure partie du vignoble européen fin XIXe – début XXe siècle, une des réponses des viticulteurs fut la création de coopératives de production de vin, ou, dans le cas présent, d’une coopérative de production de plants de vigne.
Cent ans plus tard, les 200 adhérents de Vivai Cooperativi Rauscedo produisent plus de cent millions de pieds de vigne selon un rituel bien établi : sélection du bois qui va servir de porte-greffe, nettoyage à l’eau chaude pour tuer les phytoplasmes, pose du greffon sur table selon la méthode Omega ou Celerina, protection de la soudure à la cire et mise au frigo à 3°C et avec 98% d’humidité jusqu’à la fin de l’hiver.
En avril, après tout risque de gel, le plant va être mis en terre jusqu’en novembre, moment où il sera déterré et envoyé aux divers commanditaires avec son passeport sanitaire reprenant le pays d’origine, le nom du clone, etc.
« Nous ne pouvons pas tout exporter, explique Eugenio Sartori, l’ingénieur agronome à la tête de VCR, les contraintes sanitaires de certains pays ne le permettent pas, nous avons donc monté des structures de distribution directement sur place, aux Etats-Unis, au Chili, en Australie, en Afrique du Sud, etc. Nous ne nous contentons pas de produire et de vendre des plants de vigne, nous travaillons également avec les variétés autochtones, comme nous l’avons fait en Géorgie ou au Portugal, c’est important de le faire pour sélectionner le meilleur matériel.
Non loin d’ici, poursuit Sartori, nous avons une collection unique de 2600 variétés de vigne, certaines ne sont bien sûr pas utilisées, mais elles sont prêtes à être multipliées selon la demande ou les modes. Nous réalisons également des micro-vinifications de 100 litres de ces clones afin de pouvoir faire goûter à nos clients ce qu’il obtiendra dans ses cuves. »
Résistance
Testant les cépages résistants allemands depuis plus de trente ans, VCR a entamé en 1998 un programme de croisement afin d’obtenir des nouveaux cépages résistant au mildiou et à l’oïdium avec un potentiel œnologique élevé. Ceux-ci contiennent une part prépondérante du génome de Vitis V. (plus de 90%) par rapport aux porteurs de résistance du genre Vitis. Ces programmes ont été intensifiés depuis 2006 grâce à la constitution de l’Institut de Génomique Appliquée – IGA dont VCR est partenaire financier.
Enfin, depuis 2015, VCR mène avec l’Université d’Udine, un programme de croisement pour obtenir des nouveaux cépages résistant au mildiou et à l’oïdium avec un potentiel œnologique élevé, pour le raisin de cuve ou de table ainsi que des variétés autochtones améliorées (VAM). La pépinière commercialise déjà une vingtaine de ces nouvelles variétés dont plusieurs croisements obtenus à partir de sauvignon (sauvignon kretos, nepis, rythos), de merlot (merlot khorus, kanthus), de cabernet (cab. volos, eidos), mais aussi de pinot blanc et de pinot noir, dont le pinot kors, le pinot kersus et le volturnis. Des variétés que plusieurs viticulteurs belges ont commencé à planter depuis un an ou deux, il faudra toutefois encore patienter le même temps pour les déguster.
Contact :
Fabio Marra – fargo404@live.fr
[ Marc Vanel ]