Un véritable symbole de l’Italie 

Au-delà de la gastronomie, bien plus qu’un simple fruit, la tomate est devenue un véritable symbole de l’Italie. Début juin se célébrait la fête nationale italienne, le moment était parfait pour rencontrer l’un des CEO les plus inspirants du secteur agro-alimentaire italien: Mr Francesco Mutti, CEO de la société MUTTI S.p.A., leader du marché italien et première marque en Europe dans la catégorie des tomates en conserve. 

Ancré dans le passé mais une vision à long terme:

Tout commence par une histoire de famille comme on les aime, une passion transmise de génération en génération qui a permis de pérenniser l’entreprise jusqu’à en faire une entreprise distribuée dans près de 100 pays dans le monde. En 1850 l’arrière-grand-père de Francesco Mutti cultive ses tomates dans la région de Parme et déjà innove par la mise en place d’une méthode de rotation des cultures. Quatre générations plus tard, l’investissement de l’actuel CEO est total et la passion est toujours là. Quand Francesco Mutti succède à son père en 1994, l’entreprise n’est encore qu’une PME d’une vingtaine de salariés. Depuis lors le développement a été colossal: le groupe emploie maintenant plus de 500 personnes et développe un chiffre d’affaires annuel de plus de 465 millions d’euros. 

FM : Le succès de notre entreprise a toujours été lié à une vision à long terme et un engagement constant en faveur de la qualité dans un secteur par ailleurs principalement axé sur la production de masse et le prix.

Une succession d’innovations :

En 1951, la société innove en emballant du concentré de tomates dans des tubes de pressage en aluminium (photo). Rapidement cette innovation propulse l’entreprise à une position de leader dans l’industrie de la conservation des aliments car ce format d’emballage, précédemment utilisé exclusivement pour le dentifrice, est évidemment extrêmement pratique tout en protégeant la pâte de tomate de l’atmosphère jusqu’à ce qu’elle soit utilisée.

En 1971 l’entreprise innove à nouveau en introduisant sur le marché la “Polpa”: de la pulpe fine de tomates concassées à base de cœurs de tomates, un ingrédient prêt à l’emploi produit avec des fruits de première qualité, hachés en petits morceaux et exempts de toutes les parties jaunes ou vertes. Son goût remarquablement frais, est préservé par un procédé breveté de traitement à basse température. On peut dire que la pulpe de tomate est née chez Mutti ! 

Une recherche constante de qualité 

Depuis toujours l’entreprise n’a eu de cesse de chercher à améliorer la qualité de ses produits, non seulement dans la transformation des tomates, mais tout au long de la chaîne d’approvisionnement, en commençant par les terres que Mutti a toujours protégées comme un patrimoine unique et précieux.

Les tomates traitées sont 100% d’origine italienne, elles sont cultivées uniquement dans des zones agricoles certifiées en plein air, récoltées au meilleur moment et transformées le jour même.

En 2001 l’entreprise obtient la certification “sans OGM” et depuis 2016 elle garantit la traçabilité du produit tout au long de la ligne de production via la certification ISO 22005

FM : l’an dernier nous avons même lancé un nouveau concept permettant de raccourcir les trajets et le délai de conservation: au lieu d’amener la tomate à l’entreprise, nous avons amené des petites unités de production aux champs! C’est un produit de niche, les quantités sont limitées aujourd’hui mais le résultat est un produit premium ultra frais ! Transformer le fruit sur le champs même, on ne peut pas faire plus durable ! 

Conviction et persévérance 

FM : Maintenir le cap n’a pas toujours été évident car nous avons dû faire face à une guerre des prix. De notre côté nous avions beaucoup investi dans la qualité et c’est ce qui nous a sauvés. Les décision ne furent pas toujours facile mais nous nous sommes accrochés à nos convictions. 

Nous nous sommes toujours concentrés sur la qualité au moment où d’autres privilégiaient la quantité et le prix. Début des années 2000, le marché a été envahi par des tomates chinoises. Il a fallu se battre. Nous sommes parvenus à faire imposer en Italie l’obligation de mentionner sur les emballages le lieu d’origine et de transformation de la tomate. Une victoire. A une époque les Anglais ont produit du concentré de tomates avec OGM; ils ont été obligés de le mentionner sur l’étiquette et ils ont été boycottés par les consommateurs. La transparence est indispensable. Après c’est au consommateur de faire son choix. Un de nos points forts chez Mutti c’est la transparence. 

Le respect de la matière première 

FM : Il existe d’énormes différences entre les récoltes du Nord et du Sud de l’Italie. Nous avons des établissements dans le Nord et dans le Sud. Les produits et les techniques ne sont pas les mêmes. 

Si les tomates italiennes sont uniques c’est parce qu’elles poussent sur des terres rares, de qualité. Savez-vous que même sur les produits transformés, une analyse permet d’identifier l’origine des fruits ?

Parce que Mutti respecte le cycle de vie naturelle de la tomate, la récolte se fait quand le niveau de maturité du fruit est à son climax. Ce qui veut dire que les tomates sont récoltées et transformées entre juillet et septembre chaque année.

Le respect de l’agriculteur

Il n’y a pas de bon produit sans un travail bien fait. Dans la même ligne, dans sa relation avec les agriculteurs l’entreprise cherche également à créer de la valeur, n’hésitant pas à les payer plus cher en exigeant une qualité supérieure. L’entreprise a même créé une sorte de trophée assorti d’une prime pour les meilleurs producteurs : le “Pomodorino d’Oro Mutti” (la tomate d’or). 

Partenariat WWF et empreinte eau

Grâce à son partenariat avec le WWF Italie et avec le Centre euro-méditerranéen sur les changements climatiques (CMCC), Mutti est parvenu depuis 2010 à réduire de 4,6 % l’empreinte eau de la chaîne d’approvisionnement. Dans le même temps, Mutti a également réduit les émissions de CO2 de 27%. 

FM : Même si la culture de la tomate consomme moins d’eau que celle d’autres produits (il faut environ 50 litres d’eau pour produire un kilo de tomates tandis qu’il en faut 1.200 pour un kilo de blé) nous nous sommes fortement concentrés sur la gestion de l’eau. Nous avons investi dans des machines qui permettent de mesurer le taux d’hygrométrie pour ajuster l’arrosage. L’agriculteur ne peut pas prendre de risques: s’il arrose trop il gaspille l’eau mais s’il arrose trop peu, il risque de perdre sa récolte! Ces équipements lui permettent de mieux gérer l’utilisation de l’eau.

Les chefs sont nos ambassadeurs

FM : L’Horeca est un marché important pour nous car le restaurateur est toujours à la recherche de produits de la meilleure qualité. C’est via le food service que nous nous sommes développés à l’export. Les chefs jouent un rôle important, ils sont en quelque sorte ambassadeurs de la marque. Ils savent qu’en hiver il vaut mieux manger une tomate en conserve plutôt que fraîche.

Votre vision de l’avenir?

FM : Selon moi les enjeux environnementaux, les changements climatiques sont le principal défi de notre siècle. La crise du covid est temporaire, ce n’est rien à côté des défis qui nous attendent.

Il nous faut agir intelligemment vers une meilleure gestion des ressources naturelles. C’est pourquoi notre département R&D est toujours à recherche de nouvelles techniques pour améliorer la qualité du produit tout en préservant l’environnement. 

Texte : Pascale Van Weert

Transformer le fruit sur le champs même, on ne peut pas faire plus durable ! 

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Sans l’enthousiasme et la passion, une entreprise ne peut se mener à bien.

La tomate ronde, transformée en passata, pulpe et concentré de tomates se récolte dans le nord de l’Italie (régions de Parme, Piacenza et Ferrara en Émilie-Romagne). La tomate prune utilisée pour les tomates pelées ainsi que la tomate cerise sont principalement cultivées dans le sud (région de Capitanata dans les Pouilles).