L’union fait la force
Ce n’était pas la COP 26 mais une réunion cependant bien utile face à la morosité du climat dans le secteur Horeca !
Ce n’est pas chose courante, et cela ne s’était pas vu depuis de nombreuses années m’a-t-on dit, lundi dernier les présidents des principales associations de Chefs en Belgique se sont réunis afin d’unir leurs forces lors d’une réunion de crise au siège de l’Association des Mastercooks of Belgium.
Deux esprits rassembleurs étaient à l’initiative de cette réunion, largement plébiscitée par tous : Fabian Hermans, Président de la Fédération Horeca Bruxelles et Cédric Poncelet, Président des Mastercooks.
Leur objectif : être plus forts en parlant d’une seule voix, protéger la profession, tenter de maintenir le bateau à flot malgré ces temps troublés.
Outre Fabian Hermans et Cédric Poncelet, étaient présents :
- Daniel Molmans, Secrétaire Général de l’Association des Mastercooks
- Jo Nelissen pour la Fédération Horeca Vlaanderen
- Dominique Michou, Président de l’Académie Culinaire de France Belux
- Christophe Baert, Président national des Euro-Toques
- Alain Thoon, Président de la Fetam (Fédération of table Masters)
- Robert Van Landeghem, Président et Marc Duynslaeger Secrétaire – Club Prosper Montagné
- Lieven Demeestere, Président des ’33 Masterchefs Belgium.
- Daniël Lassaut, Président et Piet Lecot, Secrétaire “Les Disciples Escoffier Benelux”
- Olivier Bauche, Président des JRE
Association versus Fédération
Pour rappel, si les Associations sont des groupements de professionnels avec chacune ses spécificités, son histoire et ses membres, rappelons que les Fédérations sont subventionnées par l’Etat pour faire le lien entre le secteur professionnel et le monde politique.
Cette réunion avait donc tout son sens. Les Fédérations officielles sont d’autant plus fortes, ont d’autant plus de poids vis-à-vis du monde politique si elles travaillent main dans la main avec les Associations qui représentent à elles seules un grand nombre de restaurateurs.
Plusieurs réunions s’en sont d’ailleurs suivies avec le Ministre Clarinval qui s’est montré fort à l’écoute. Il reste maintenant à contacter un grand nombre d’autres intervenants (hé oui nous sommes en Belgique !) et nous croisons les doigts que ces démarches soient suivies de résultats concrets. Ce ne serait pas le moment, loin de là, de prendre des mesures qui donneraient peut-être le change dans l’immédiat mais seraient contre productives à long terme.
Or c’est justement ce que craignent les professionnels entre autres au sujet de ce projet de loi visant à « revaloriser le métier » en octroyant aux jeunes de 18 ans sortant de l’école un nouveau statut intitulé ‘cuisinier sachant travailler seul’. Tous les professionnels autour de la table y étaient farouchement opposés.
Qualification en inadéquation avec le secteur
Fabian Hermans : « Nous nous apercevons que pour les années qualifiantes, on profile pour la cuisine, des cuisiniers sachant travailler seuls et pour la salle, des chefs de rang.
Nous ne savons pas sur quelle étude cette qualification est basée, mais en tant que professionnels actifs dans le métier, nous ne pouvons admettre qu’un jeune de 19 ans sortant de 6è année technique ou professionnelle soit bombardé cuisinier sachant travailler seul ou chef de rang, surtout avec le peu de stages mis en œuvre et d’insertions en entreprise. Ce serait faire omission de la complexité de nos métiers.
Comment un jeune sans expérience et sans connaissance du terrain peut-il gérer sa propre entreprise ou une entreprise avec les fonctions administratives obligatoires (ratio de rentabilité, AFSCA, SEPP, TVA, FISC, RH etc.) ?
Nous sommes confrontés aujourd’hui à un manque de personnel. Revaloriser le métier est sans aucun doute nécessaire, mais faire miroiter aux jeunes un poste qu’ils ne pourront obtenir n’est nullement bénéfique pour le secteur. En effet, aucun entrepreneur ne donnera une telle fonction à responsabilité à un jeune diplômé sans expérience. Sachant que nous manquons déjà de personnel à ce jour, il serait dommage de donner de faux espoirs et donc décourager ces jeunes alors qu’il y a plein d’avenir dans notre secteur ».
Contrôles musclés
Un autre sujet préoccupant, soulevé avec émotion par Robert Van Landeghem et qui devra faire l’objet de réflexion lors des prochaines réunions : nous apprenons que certains restaurateurs font l’objet de contrôles policiers musclés (c’est le moins que l’on puisse dire) alors même qu’ils sont en ordre de CST, de caisse, d’Afsca, de cotisations diverses etc. intimidant sans raison le restaurateur, son personnel comme ses clients attablés.
Quelques questions nous taraudent : Qu’est-ce qui motive ces excès de zèle et démonstrations de force ? Sont-ils amenés à se répéter à l’avenir ? Et surtout est-ce vraiment le moment de compliquer (inutilement) la vie des professionnels du secteur ?
Texte : PVW