Lors de la dernière édition d’Horeca Expo, l’asbl Belgische Wijnbouwers a organisé une conférence consacrée à l’avenir des vins belges. « Le viticulteur belge va devoir quitter la voie de l’amateurisme pour s’engager dans la voie de l’entrepreneur », a-t-on notamment entendu.

L’asbl Belgische Wijnbouwers fondée en 2009, qui rassemblait à l’époque un petit groupe de viticulteurs, a évolué pour devenir aujourd’hui le principal groupe d’intérêt du secteur viticole belge. Avec plus de 145 membres actifs, elle représente plus de 85% des viticulteurs professionnels en Flandre, sous la présidence de Lodewijk Waes.

Comment voit-on l’avenir des vins belges aujourd’hui ? 2024 était en tout cas une année de récolte à oublier rapidement, compte tenu des gelées printanières, de la pression fongique et d’autres aléas de la nature.

« Au cours des dix dernières années, la Belgique est devenue un pays viticole très diversifié et de grande qualité, explique Stefaan Soenen, écrivain spécialiste en vin. Nous sommes passés d’à peine 80 h de superficie viticole à plus de 1.000 h, et de 50 viticulteurs enregistrés à plus de 300. Sur le plan qualitatif, nous pouvons égaler le niveau de la Bourgogne, et nous sommes même moins chers, même comparé au champagne. La Belgique a également bénéficié d’une grande expertise venant de l’étranger ».

Lors de la 35e édition d’Horeca Expo à Gand, Lodewijk Waes, président de l’asbl Belgische Wijnbouwers, a remis le titre d’Ambassadeur du Vin Belge à l’écrivain Stefaan Soenen.

La question est bien sûr de savoir comment convaincre les restaurateurs belges de proposer davantage de vins belges sur leur carte.

« Il y a 20 ans, personne ne connaissait le vin belge, et aujourd’hui tout le monde est convaincu de sa qualité, déclare Arnaud Leroy, sales manager de Ruffus à Binche. Il subsiste toutefois un préjugé sur les prix, que l’on dit élevés, mais dans les grandes maisons de champagne, on sait que l’on cofinance le marketing qui entoure les marques. Par ailleurs, dans notre pays, on accorde beaucoup d’attention, et à juste titre, aux termes ‘local’ et ‘durable’, mais surtout lorsqu’il s’agit de légumes et de viande. Mais pourquoi pas lorsqu’il s’agit de contenu du verre de vin ? Nous avons encore du pain sur la planche dans ce domaine. »

Pour Ghislain Houben, économiste de formation, professeur à l’université de Hasselt et lui-même viticulteur, il est urgent que la viticulture belge se mette à l’heure de l’entrepreneuriat.

 « Grâce à des événements d’envergure autour du vin belge et à l’œnotourisme croissant, nous sommes dans une bonne dynamique, mais les défis à venir n’en sont pas moins urgents. Dans le secteur des fruits, par exemple, on cherche à s’armer contre les caprices de la nature, au moyen par exemple de canons à chaleur, mais cet aspect me semble un peu absent dans la viticulture belge. On pense qu’il faut laisser faire la nature, mais cette approche n’est plus tenable. La production minimale qui sortira du mauvais millésime 2024, on peut peut-être, d’un point de vue économique, la supporter pendant une année, mais pas pendant plusieurs. »

Wijndomein Aldeneyck

Un autre aspect est le mode de consommation de nos jeunes.

« La consommation de vin en général diminue, les jeunes se tournent vers d’autres boissons et la viticulture belge fait comme si de rien n’était… En raison des coûts de production élevés du vin belge, vous ne pouvez pas non plus, en tant que restaurateur, prendre une marge trop importante sur la vente d’une bouteille, contrairement aux petits vins italiens bon marché, par exemple. Je plaide donc pour que la viticulture belge descende de son nuage. Je ne suis pas pessimiste, mais après 22 ans de viticulture, le réaliste en moi dit qu’en tant que viticulteur, il faut commencer à penser économiquement », déclare Ghislain Houben.

« Le plus grand défi réside dans le fait qu’actuellement la demande est plus élevée que l’offre, poursuit Arnaud Leroy. Nous devons nous préparer à la saturation du marché belge du vin d’ici 10 à 15 ans environ, et en outre, nous devons nous préparer à l’exportation. »

Pour plus d’infos, consultez www.belgischewijnbouwers.be

Domein Ledezijde / Domein Vandeurzen

 

(dv)