Hôtesse de l’Année 2024 au Gault&Millau

En novembre dernier, le guide Gault&Millau sortait sa nouvelle édition 2024 et, comme à son habitude, récompensait les personnalités et les enseignes les plus méritantes de l’année. Parmi les différents trophées, celui d’Hôtesse de l’Année est allé à Laurence Rigolet-Wynants. Représentante de la 4ᵉ génération de l’une des plus emblématiques maisons de bouche du pays, Laurence s’emploie, depuis 2006 à l’efficace gestion et à l’accueil du Comme chez Soi à Bruxelles.

Rencontre exclusive avec celle qui, mieux que toute autre, joue un rôle fondamental à la tête de la célèbre maison qui verra bientôt arriver la 6e génération ! Une impressionnante longévité et un bel héritage pour l’emblématique enseigne qui fêtera, en 2026, son 100e anniversaire !

Le Trophée d’Hôtesse de l’Année vous a-t-il déjà apporté des retombées ?
C’est autant une reconnaissance personnelle que pour le restaurant. Ces derniers temps, nous avons connu de grosses difficultés mais la presse et le Guide Gault&Millau nous ont toujours soutenus. Ce prix renforce ce soutien indéfectible. C’est aussi une nouvelle mise en valeur de notre maison. Comme dans tout restaurant de ce type, c’est le chef qui dirige et qui met beaucoup d’énergie dans son travail, mais il faut que le reste suive pour que la maison atteigne ce niveau. Et là, chez nous, nous fonctionnons en véritable binôme où chacun, avec son équipe, a sa place. C’est aussi cela qui fait le succès de notre travail.

Ce métier est un héritage familial ; celui que vous a laissé votre maman. Comment interprétez-vous cette transmission ?
Grâce à maman qui m’a appris le métier, j’ai toujours essayé de travailler le mieux possible et dans la continuité de ce qu’elle a fait ici pendant de nombreuses années. Je lui remets mon prix à 50%, car c’est elle qui m’a tout appris. Ma mère a été une source d’inspiration pour moi, un exemple. Mais il ne faut pas oublier que c’est un métier d’apprentissage, qui ne se construit pas en deux ou trois mois et qu’il faut du temps, de la maturité et de la patience pour bien le pratiquer.

Avez-vous connu des situations difficiles à gérer ?
Actuellement, le plus difficile dans notre métier, c’est de trouver du personnel qualifié. Cela est valable pour tous les restaurants, de tous types. A part cela, avec le temps, il n’y a plus rien de compliqué pour moi dans ce métier. Seule la mauvaise foi de certains (rares) clients peut amener à une situation compliquée. Je pense qu’il faut toujours tout faire pour que les clients soient bien et ne pâtissent pas de situations désagréables causées parfois par des gens malintentionnés. Bien sûr, nous sommes humains et il se peut qu’il y ait des accidents, des erreurs de service ou un problème avec le vin, par exemple. Cela arrive partout mais il faut toujours s’adapter à chaque situation et, là aussi, l’expérience aide beaucoup à arranger les choses.

Qu’en est-il de la transmission que vous commencez à mettre en place ?
Comme vous le savez, notre fils Loïc est aujourd’hui en cuisine avec son père. En salle et à l’administration, je travaille de cette même façon avec Victoria, la fiancée de Loïc. Elle est depuis 5 ans avec Loïc, et même si elle a fait une formation en droit, elle est maintenant en formation de management hôtelier depuis un an et demi. Elle m’épaule à l’administration et en salle, à l’accueil et au service des clients. La transmission de notre maison, en cuisine comme en salle ou à l’administration, est donc déjà bien en route !

Vous avez une petite anecdote à ce sujet, quelle est-elle ?
C’est amusant mais c’est le grand-père de ma future belle-fille, Victoria, qui a été l’architecte des rénovations du Comme chez Soi ! Il était alors un client régulier, grand amateur de gastronomie, et je me souviens l’avoir connu chez nous lorsque j’avais 16/17 ans. Notre fils Loïc a rencontré Victoria a un événement caritatif de l’association de Justine Henin où la maman de Victoria organisait un banquet auquel nous travaillions aussi.

Votre future belle-fille semble donc tout indiquée pour vous seconder, voire pour un jour vous succéder ?
Elle prend du plaisir à le faire et elle a déjà de belles compétences pour ce métier. Elle a vécu un an aux Etats-Unis et parle anglais. Elle prend des cours de néerlandais et en 2025 elle fera un stage en Flandre. Elle m’aide beaucoup pour l’administration et elle va même plus vite que moi sur internet ! Les réservations via les applications, c’est un autre travail que celui que j’ai pratiqué jusqu’à présent. Mais au moins pour ce qui est la base du métier, je sais que mes conseils lui seront utiles comme l’ont été, pour moi, ceux de ma maman. A son époque, des prix tel celui de la Meilleure Hôtesse n’existait pas mais si cela avait été le cas, je suis convaincue qu’elle l’aurait remporté haut la main. C’est aussi pour cela que je lui dédie la moitié (virtuelle) de mon trophée !

Et si l’on parlait ‘projets’ pour terminer ?
Pour les années qui arrivent, on va se centrer sur les 100 ans du Comme Chez Soi. Nous avons tous très envie d’en faire un grand événement. Ce n’est pas courant qu’une même famille reste en place si longtemps.

Avec l’organisation de notre 100ᵉ anniversaire, j’ai pour objectif d’épauler au mieux la génération suivante comme la précédente, celle de mes parents, a pu le faire avec nous.

[ Joëlle Rochette ]