Longtemps cantonnés aux fast-foods et aux hôtels standardisés, les parcs d’attractions repensent leur offre pour séduire un public toujours plus exigeant. Fini la restauration sans âme et les hébergements ­impersonnels : aujourd’hui, gastronomie et confort s’invitent au cœur de l’expérience.

De Phantasialand au Parc Astérix en passant par le ­Futuroscope, les parcs misent de plus en plus sur des produits locaux, des concepts immersifs et des hébergements thématisés pour transformer leur image. Buffets raffinés, collaborations avec des artisans, expériences sensorielles… Désormais, on ne vient plus seulement pour les attractions, mais aussi pour bien manger et bien dormir. Pour vivre une ‘expérience’ !

Plongée dans cette évolution avec les témoignages de David Bouvet, manager du Parc Astérix, Stéphane Aubourg et Michel Meyer, responsables de la restauration et de l’hôtellerie du Futuroscope, ainsi que Glenda Bailleul, attachée de presse Benelux de Phantasialand.

Une restauration en pleine transformation

Longtemps considérée comme un point faible, l’offre gastronomique des parcs évolue pour répondre aux attentes grandissantes du public. Situé aux portes de Paris, le Parc Astérix, sous la houlette de David Bouvet, en est un parfait exemple : « On nous associe encore souvent à la malbouffe, mais cette image est dépassée. Certes, nous proposons toujours burgers et frites, mais nous avons développé une offre bien plus diversifiée et qualitative. » Cette mutation repose sur une logistique rigoureuse et une vision claire.

Avec une fréquentation moyenne de 20 000 visiteurs par jour, pas moins de 14 000 repas sont servis quotidiennement. « Nos hôtels, comme La Cité Suspendue ou Le Quai de Lutèce (4 étoiles), disposent de brigades culinaires qui privilégient les produits frais et locaux autant que possible », précise David Bouvet. Le parc collabore notamment avec un Meilleur Ouvrier de France pour les fromages et un chasseur local pour la venaison. « Nous proposons des burgers au sanglier : c’est une offre unique en son genre. Nous traitons des volumes énormes. Sur une journée à 20 000 visiteurs en moyenne sur le parc, nous allons nourrir le midi entre 12 000 et 14 000 visiteurs, sauf qu’ils sont dispatchés sur plusieurs points de vente. Nous avons tous les styles de restauration sur le parc. Nous achetons du frais mais pas uniquement parce que vu les volumes, il faut rester réaliste : ce n’est pas possible. »

Le parc Astérix : la restauration rapide mais de qualité

Chez nos amis gaulois, la gastronomie s’intègre à l’expérience. « Manger un vrai kebab devant Osiris, en plein décor égyptien, c’est voyager dans le temps », illustre David Bouvet. Cette recherche d’authenticité s’exprime aussi à travers des initiatives comme le bar clandestin d’Halloween, métamorphosé en repaire des lutins pour Noël. « Chaque repas ou pause gourmande devient un moment immersif, au-delà du simple plat. »

Même les fast-foods montent en gamme. « Nous misons sur des produits frais, des frites premium et des pizzas avec une pâte étalée sur place, » explique-t-il. Au Dolmen Gourmand, tout est cuisiné à la plancha, dans une démarche durable avec de la vaisselle réutilisable. « Les burgers sont préparés à la minute, de la cuisson à la présentation, garantissant ainsi une qualité optimale, même en restauration rapide. »

Le Futuroscope : l’expérience totale avant tout

Situé à Poitiers, le Futuroscope a lui aussi adopté une approche gastronomique novatrice avec ses 13 points de vente et 10 restaurants. En 2023, la restauration a généré 34 millions d’euros, avec 2 millions de repas servis. L’accent est mis sur les circuits courts, 70 % des aliments étant issus d’un rayon de moins de 200 kilomètres. Parmi les concepts phares, le restaurant Spaceloop combine une expérience immersive et un service automatisé sur rails avec des loopings spectaculaires. La Cabane Perchée, quant à elle, propose une cuisson au four à braise pour sublimer des produits du terroir comme par exemple la saucisse produite par un boucher de la région : « Nous avons à cœur de proposer des plats frais et de qualité, » souligne Stéphane Aubourg, « et d’offrir une expérience culinaire qui va bien au-delà de la simple dégustation. Chaque plat est préparé sur place, sans exception. Chaque restaurant dispose de sa propre cuisine, où des brigades transforment les produits bruts de A à Z. Rien n’est précuit ou assemblé ailleurs. Nos chefs, en plus de leur expertise, ont suivi de nombreuses formations auprès de chefs étoilés, garantissant ainsi une cuisine soignée et de qualité. »

L’Atelier des Saveurs, situé également au cœur du Futuroscope, mise sur une cuisine bistronomique mêlant tradition et modernité, dans un décor inspiré des attractions emblématiques du parc. On y déguste aussi bien un steak ou une pizza qu’un plat plus élaboré comme des Saint-Jacques ou des encornets. L’authenticité des saveurs et la qualité des ingrédients sont au centre des préoccupations, faisant de ce restaurant dont le service se fait à table, une escale incontournable pour les gourmets en quête d’un véritable moment de plaisir.

En parallèle, le parc met en place une gestion exemplaire des déchets avec un tri strict et une lutte active contre le gaspillage. Exit les emballages cartonnés pelliculés, place aux matériaux ­recyclables. « L’écoresponsabilité est un engagement essentiel, » ­rappelle Michel Meyer.

Côté hébergement, le Futuroscope ne manque pas d’audace. ­L’­Hôtel Station Cosmos plonge les visiteurs dans une atmosphère spatiale, tandis que l’Ecolodgee leur offre une parenthèse au cœur de la nature, sans télévision ni climatisation, dans une démarche éco-conçue. « Notre objectif est de proposer une immersion totale, en phase avec l’environnement, » précise Michel Meyer. Avec l’ouverture d’Aquascope, sacré meilleur parc aquatique au monde en novembre 2024, et la construction prévue d’un hôtel de 940 chambres d’ici 2030, le parc entend bien prolonger l’expérience et attirer un public désireux de séjours prolongés. « Nous voulons que les visiteurs restent plusieurs jours, et pas seulement une journée », insiste Stéphane Aubourg.

Phantasialand : l’excellence immersive

Phantasialand, situé à Brühl en Allemagne, excelle dans l’art de l’immersion. Son Hôtel Charles Lindbergh, inauguré en 2020, plonge les visiteurs dans l’ère du steampunk avec une attention méticuleuse aux détails. « Chaque chambre, conçue comme une cabine d’avion, mêle esthétique rétro et confort moderne, » explique Glenda Bailleul. Les clients profitent d’une vue imprenable sur la montagne russe F.L.Y., qui traverse l’hôtel.

Côté restauration, le Restaurant Uhrwerk met à l’honneur une cuisine artisanale dans une ambiance industrielle. Les plats, élaborés avec des ingrédients frais et locaux, sont préparés sous les yeux des convives grâce à des cuisines ouvertes. « Chaque ingrédient est sélectionné avec soin pour garantir une expérience
culinaire unique. »

Phantasialand valorise aussi le savoir-faire artisanal avec Kaffekommune, un café où pâtisseries maison et viennoiseries rivalisent avec les grands classiques français. « Chaque bouchée est une invitation au voyage gustatif, » ajoute Glenda Bailleul.

Avec son souci du détail, ses hôtels thématiques et sa cuisine exigeante, Phantasialand illustre parfaitement cette nouvelle ère où les parcs d’attractions ne se contentent plus d’amuser, mais cherchent à offrir une immersion totale. « Nous voulons proposer plus qu’un simple repas ou une nuitée. Chaque moment doit être une expérience en soi. »

Vers une destination globale

Avec des investissements massifs et une volonté constante d’amélioration, ces parcs prouvent qu’il est possible d’allier attractions, gastronomie et hébergement de qualité. Ils répondent ainsi aux attentes d’un public toujours plus exigeant, transformant ces lieux de divertissement en véritables destinations touristiques à part entière. « Nous ne nous contentons plus de divertir, » conclut David Bouvet, « nous offrons une expérience immersive, complète et authentique au Parc Astérix. »

[ Muriel Lombaerts ]