Appellation historique du Languedoc, l’AOP Saint-Chinian est venue présenter ses vins en rouge et en blanc ainsi que ses terroirs de schiste, au nord, et de calcaire, au sud.

Au pied des massifs du Caroux et de l’Espinouse dans l’Hérault, cette appellation d’origine protégée est connue pour ses excellents vins de garde, mais aussi pour une gamme de nectars qui accompagnent le retour des apéros, barbecues et autres repas méditerranéens lorsque les beaux jours reviennent.

Ici, l’amateur a l’embarras du choix. Les sols schisteux confèrent aux vins rouges un caractère voluptueux et velouté qui ensorcelle ; des notes fumées, du café torréfié, cacao, réglisse et fruits noirs. Les blancs de schistes eux, se font amples, marqués par des notes florales et d’épices douces, quelques pointes minérales et mentholées.

De leur côté, les calcaires donnent des rouges plus structurés, gorgés de fruits rouges et à l’acidité marquée, tandis que les blancs se distinguent par leur vivacité, leurs arômes d’agrumes, d’abricot et de fruits secs. A chaque terroir, son bouquet de senteurs et ses accords mets-vins, inspirés tantôt par le maquis, tantôt par la garrigue.

Perspectives

Une vingtaine de vignerons de Saint-Chinian sont venus présenter leurs vins chez Excellis. Cette visite fut bien sûr l’occasion de rappeler quelques chiffres qui permettent de mettre les vins en perspective, chiffres présentés par Stijn Verleyen, formateur Languedoc et membre de l’Association des Sommeliers flamands (VVS).

Aujourd’hui, l’AOP développe 3000 hectares de vignes, répartis sur 20 villages, cultivés par 7 caves coopératives (234 adhérents) sur 1900 ha et 86 caves particulières sur 1100 ha.

« C’est une appellation qui repart de plus belle, explique le président de l’AOP Luc Simon, avec de nouveaux vignerons et des jeunes qui s’installent, les anciens qui transmettent aux jeunes, tous ayant envie de dynamiser l’appellation. C’est une dynamique que l’on retrouve dans les vins. L’appellation est en constante évolution. Prochainement, nous allons changer le pourcentage de certains cépages patrimoniaux comme le carignan ou le cinsault, mais aussi réhabiliter certains cépages autochtones, tels que le ribeyrenc, un ancien cépage du Languedoc des 18 et 19e siècles, ou la counoise qui offre une belle structure et plus de finesse et de buvabilité. »

Les Belges en force, les vins blancs aussi

Avec une production moyenne de 100 000 hl assurée par 300 vignerons, l’AOP Saint-Chinian se décline dans les trois couleurs : rouge (80 %), rosé (15 %) et blanc (5 %). Qu’ils soient traditionnels (comprenez structurés et boisés) ou tout en souplesse, chacun peut y trouver son compte.

Surtout le public belge, car, contre toute attente, le premier marché d’exportation de Saint-Chinian est… la Belgique, qui précède la Chine ! Nos concitoyens ont une excellente image de la région en général et y passent volontiers leurs vacances. Il faut dire qu’entre mer et montagne, il y a des tas de villages typiques à découvrir, les photos parlent d’elles-mêmes, le cadre est magnifique.

Présent à la dégustation, le sommelier Eric Boschman s’est dit surpris par les vins blancs qui ont été présentés. « Ce sont des blancs en finesse, qui évitent tous les pièges de la lourdeur que j’ai goûtée dans d’autres appellations, du moins dans ce qui était présenté. Je n’ai pas eu de vin massacré par le bois, ni avec des notes d’oxydation comme on en trouvait il n’y a pas si longtemps.

On est vraiment sur quelque chose de très moderne. C’est d’autant plus intéressant dans le contexte du réchauffement climatique où il devient difficile de trouver des blancs en dehors de la Loire ou de l’Alsace. Le Luberon est une terre de blancs, mais Saint-Chinian peut également clairement revendiquer des blancs d’altitude.

Du côté des rouges, j’ai dégusté pas mal de trucs en finesse aussi, qui m’ont vraiment étonnés, dans ce style que l’on trouve de plus en plus dans le sud. Avec notamment des carignans et des grenaches qui pinotent un peu, qui sont un peu moins intenses en couleur, en alcool, et surtout avec beaucoup moins de bois. Faisons des vins sur le fruit et avec des capacités à vieillir, c’est important, car plus personne ne fait vieillir le vin dans sa cave, c’est cela qui fera la différence dans le temps ! »

Reconnue en AOP Saint-Chinian rouge et rosé depuis 1982, la région obtient en 2005 l’appellation pour ses blancs avec effet sur le millésime 2004, ainsi que la reconnaissance en tant que crus de Berlou (où le carignan est obligatoire dans l’assemblage) et de Roquebrun (où la syrah s’impose). Infos : saint-chinain.pro.
Boutique en ligne.

[ Marc Vanel ]